L’interview du mois
Ce mois-ci, nous avons décidé de laisser la parole à un professionnel pour nous parler de son entreprise, sa gestion des données et sa perception de la blockchain. Pour répondre à nos questions : Benjamin Néel – CEO de LabOxy.
Pouvez-vous nous présenter votre société ?
LabOxy est un éditeur de logiciel qui s’adresse aux entreprises qui font de la Recherche et Développement. Nous proposons une solution qui permet d’analyser la performance de la R&D, de faire du pilotage de projet et ainsi de justifier les financements de l’innovation. Cette solution s’adresse à toutes les tailles d’entreprises ainsi qu’à tous les secteurs d’activités confondus.
Quel est votre parcours ?
Dirigeant et co-fondateur de la société, j’ai un profil scientifique (Ecole Normale Supérieure – biologie moléculaire, doctorat en cancérologie). J’en suis arrivé là aujourd’hui en créant le logiciel que j’aurais aimé utiliser en tant que chercheur.
Savez-vous où sont stockées vos données d’entreprise actuellement ?
En France ! Chez OVH
Pourquoi OVH ?
J’ai été séduit par leur offre private cloud ainsi que par leur infrastructure élastique et modulable. Ce n’est pas une question de coût, puisque je suis persuadé qu’il est possible de trouver des solutions moins coûteuses. Chez OVH, je suis maître de mes outils et de mes données et je n’ai pas retrouvé ça ailleurs. En outre, j’ai également été accompagné par des experts en sécurité des données.
Nous avons un gros besoin de sécurisation des données, c’est ce que nos clients attendent de nous. Nous hébergeons les données de nos clients et nous avons transformé ce qui peut être une faiblesse en une force. La mise en place du RGPD par exemple, a été très bien accueillie, c’est une belle opportunité pour être encore plus sécure.
Comment évalueriez-vous votre compréhension de la blockchain ?
De 1 à 10, je dirais 5. Je vois très bien le principe et les applications possibles, mais techniquement je ne me suis pas penché sur le sujet.
Utilisez-vous la blockchain dans vos process ?
Je ne pense pas qu’il y ait un besoin d’historique de la donnée aussi poussé. Les organes de contrôle (Ministère de la Recherche, Europe) ne vont pas encore aussi loin. Une signature électronique est suffisante pour eux aujourd’hui, ce qui correspond à un apport très limité de la blockchain. Je me pose également la question de la véracité de la technologie face à un juge lors d’un conflit. Notre système judiciaire prendrait-il la blockchain comme données infalsifiables ?
À terme, oui ; pour l’instant, je ne sais pas s’il y a déjà eu des cas, c’est une vraie question. Si notre application devait gérer des cahiers de laboratoires électroniques avec un besoin important d’historique et d’horodatage des inventions, la blockchain apporterait un plus incontestable sur le principe d’antériorité de découverte. C’est indispensable pour la propriété intellectuelle.
Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Imaginons qu’une même découverte soit réalisée par différents chercheurs à peu de temps d’intervalle (cela peut arriver, je l’ai déjà vécu en tant que chercheur) ; celui qui pourra obtenir le brevet sera celui pouvant prouver l’antériorité de sa découverte. Ainsi, avec la blockchain, il ne sera plus forcément nécessaire d’avoir des cahiers de laboratoires à jour, signés, voire contresignés par un huissier pour prouver cette antériorité. La blockchain permettra de la prouver par A+B, l’horodatage étant incontestable avec cette technologie.